mardi 14 juin 2011



L'odeur de mes dix ans ressemble au gris de l'océan, à la maison de campagne dissimulée par les grands arbres, à nos châteaux de sables et nos rêves imaginés. L'odeur de mes dix ans ressemble aux doigts plein d'encre bleue, aux cachettes sous les couvertures pastels, mémoire d'histoires usées. * L'odeur de l'enfance ressemble aux rues de Paris, aux notes de musique de la grand dame violoncelle qui vibrent à l'intérieur, aux rêves de peintures et aux robes de pois rouges. * Je colore mon papier carton de minuscules souvenirs dorés, je découpe les montages pour m'en faire des cabanes, refuges de magie. Je la prends par la main et m'imagine nos étés, nos collections de papillons ailés de multicolore, nos danses de princesses d'un autre monde et nos grands yeux noirs illuminés par l'étendue. Quand on sera grande tu seras danseuse et moi chanteuse et on habitera ensemble, dans une maison aux milles miroirs. Et on chantera aussi fort que l'opéra. Ces notes qui pétillent, je les tiens dans mes deux mains, comme des trésors d'enfance. Surtout, ne pas les laisser s'envoler.
* Aujourd'hui j'entends les mots d'enfance se bousculer en moi.
Je prends mes crayons et dessine les contours minuscules de ce temps d'avant, ce temps de magie. Et je lui raconte, je lui danse le temps qui passe et l'envie de ne rien perdre, ou presque. Je veux lui raconter, tu sais, je suis une enfant des montages, une enfant voyage, une enfant clown aux pas hésitants.