mercredi 23 novembre 2011




Ses tout juste dix ans, lullaby pour une minuscule déjà trop grande

mercredi 9 novembre 2011

      
      

        Son corps regardait passer la rue et ses yeux coulaient comme une rivière lisse.
Les pupilles vertes pâles de la minuscule grandissaient pendant que sa jupe tourbillonnait. Le vent claquait contre sa joue, arrachant les larmes qui roulaient sur les joues rosies par le froid. Elle se racontait des histoires ; celle de la coquille d’escargot qui abritait une cabane, celle du bateau-mouche, ou encore celle du poisson lune à l’humeur grise. Des histoires peintes aux bouts des doigts, cousues à la peau et au cœur pour traverser les tempêtes et les orages. Aujourd’hui ces mains de petite fille gratte la terre d’automne gelée par les matins de brume, elle creuse au plus profond d’elle-même pour retrouver la force des montagnes -  montagnes d’histoires qui s’envolent avec les oiseaux de nuits – la force qui se cache dans ce corps engourdi par tant de mémoires. Trop de monde s’envolent et désordonnent l’intérieur. Elle fuit et suit les vols ailés qui parcourent tous les ciels, surtout la nuit, surtout l’été.  / L’entrée de l’hiver se fait rude, la minuscule doit se cacher au plus intime d’elle-même, sans regard, sans crainte. Se déposer au creux de ses mains invisibles, relâcher et pleurer. Ses yeux coulaient comme une rivière lisse.
Je suis cette petite fille des bois, ensevelie dans cette terre aride, sans début, ni fin. Laissez-moi creuser et retrouver la terre de mes racines. Mon ancrage est malhabile et timide, perdu dans ce tourbillon d’automne, comme un interstice immuable. Ôtez-moi de ce blanc vide qui ne mène nulle part, je me retrouverais quelque part. Les rêves immobiles.
Je suis cette petite fille qui s’envole avec les oiseaux de nuits, surtout la nuit, surtout l’été.

              photo: http://confettigarden.tumblr.com